Dix ans contre les clichés
Dix ans. Cela fait dix ans que, chaque année à l’automne, le festival Ciné Banlieue pose ses bobines à l’Écran. «Notre propos est d’apporter une vision de la banlieue à l’opposé des clichés médiatiques véhiculés à longueur d’année », disait à l’époque Aurélie Cardin, la directrice du festival. Des propos plus que jamais d’actualité à l’heure où la dixième édition démarre, vendredi 13 novembre. Le festival s’étend désormais sur huit jours (jusqu’au 20) et dans quatre lieux (outre l’Écran, le Studio à Aubervilliers, l’UGC Ciné cité Paris 19 et le Comedy club pour des rencontres professionnelles).
Coup d’envoi, donc, à Saint-Denis les 13 et 14 novembre avec, vendredi 13 à 20 h, la projection en avant-première et en présence de l’équipe du film, de À peine j’ouvre les yeux, de Leyla Bouzid. « Ce très beau film tourné en Tunisie au moment des printemps arabes parle des jeunesses qui se révoltent », annonce Aurélie Cardin. « C’est l’histoire d’une rockeuse, un film musical d’une beauté absolue », s’enthousiasme-t-elle. Auparavant, pour lancer Ciné Banlieue, un concert avec Aïcha Redouane au chant et Habib Yammine aux percussions aura chauffé l’ambiance dès 19 h.
Livre et film à Folies d’encre
Le lendemain, samedi 14 novembre à 14 h, c’est un documentaire tourné en Seine-Saint-Denis qui sera projeté. La Ligne de couleur est composé de lettres lues par onze femmes et onze hommes. « Ce sont des Français qui souffrent du regard des autres, prévient Aurélie. Ils racontent avec simplicité des histoires personnelles. Comme celle de la réalisatrice Alice Diop qui, lorsqu’elle arrive sur un tournage, est prise le plus souvent pour une assistante ou une technicienne… Ou cette comédienne asiatique, qui parle sans accent et qui, même en doublage, ne se voit proposer que des rôles d’asiatiques ! »
Le même jour, en partenariat avec la librairie Folies d’encre, une rencontre mêlera à partir de 15 h livre et film autour de l’auteur Mathieu Riboulet, qui interroge les idées de Mai-68, et du réalisateur Matthieu Barreyre, avec la projection de son film Nocturnes. Autre séance à 18 h, avec la projection de cinq courts métrages en lice pour le prix Talents en court qui sera décerné par un jury présidé par Djamel Bensalah.
Enfin, à 20 h, nouvelle avant-première avec Voyoucratie, du duo de jeunes réalisateurs FGKO, avec l’acteur Salim Kechiouche (que l’on a vu dans La vie d’Adèle, d’Abdellatif Kechiche). « C’est un film dit de genre, qui reprend les codes du cinéma américain des années 80, 90, mais en les démystifiant. Un vrai coup de poing cinématographique ! », s’écrie Aurélie Cardin. Ciné Banlieue poursuivra ensuite sa route en d’autres lieux, avec d’autres propositions tout aussi passionnantes.
Benoît Lagarrigue