Télérama : Filme l’avenir, à Pantin : les étoiles dans les yeux d’Elisa, Nadir, Thara et les autres apprentis cinéastes.

Depuis cinq ans, ces sessions d’apprentissage, parrainées par Jamel Debbouze, incitent les jeunes de quartiers défavorisés à découvrir les métiers de la création audiovisuelle à travers la réalisation d’un petit film.
Reportage  à Pantin. Par Caroline Besse
Photos : Léa Crespi 

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Elle est une force de la nature. Infatigable. Rien ne peut la décourager. Pour un portrait photo, elle aimerait être prise devant les jardins ouvriers de Pantin (Seine-Saint-Denis), là même où Jacques Doillon a tourné Petits frères en 1999. Alors, on installe des chaises pour passer par-dessus la rambarde, et la faire poser, triomphante mais humble, sur le toit de la Maison de quartier des Courtillières. Aurélie Cardin est la boss du festival CinéBanlieue, et la fondatrice de Filme l’avenir, un concours et, avant tout, un atelier de cinéma parrainé parJamel Debbouze, destiné principalement aux jeunes issus de quartiers défavorisés, qui fête cette année sa cinquième saison. Après en avoir formé plus de 2 000, avec près de 400 films tournés. Cet été, vingt-quatre sessions sont organisées sur tout le territoire français, ycompris outre-mer. Celle des 22 et 23 juillet a donc eu lieu à Pantin, au cœur de la cité des Courtillières, imaginée dans le milieu des années 1950 par l’architecte Émile Aillaud, qui a conçu le fameux « Serpentin », bâtiment de béton ondulant rénové il y a une quinzaine d’années pour être recouvert de carrés de mosaïques aux couleurs changeantes. Autour, des bâtiments de briques orangés, qui donnent au quartier des allures de Brooklyn. 

Lundi 22 juillet au matin, vingt-cinq jeunes, souvent des voisins, la plupart totalement étrangers au milieu du cinéma, arrivent au compte-gouttes. Certains, comme Marvin et Ryan, lycéens à Aubervilliers, ou Elisa et Yasmine, lycéennes en section cinéma à Garges-lès-Gonesse, ont déjà participé à des ateliers. Ça leur a tant plu qu’ils se sont précipités pour s’inscrire à nouveau. D’autres, comme Nadir, Django, Luco, Mohamed, Fanta, Lucrèce ou Stéphanie, découvrent le principe pour la première fois. Tous et toutes aimeraient travailler dans le cinéma, derrière et souvent devant la caméra. Pour briser la glace, des petits exercices sont organisés, pour bouger, rigoler, avant la répartition des groupes où chacun va plancher sur un scénario. Avant de se lancer, quelques conseils utiles : « Limitez les dialogues , limitez les décors , et attention à la compréhension ! » Pendant deux jours, ils vont écrire, tourner, réaliser et monter des courts métrages de 90 secondes. Un pari fou mais réussi, comme à chaque session. Grâce, notamment, à l’acharnement d’Aurélie Cardin, qui se bat chaque année pour trouver des subventions afin que le projet aboutisse. 

Autour de ce dernier, le groupe commence à élaborer l’idée d’un sportif qui se blesse. Le thème – qui change chaque année – étant « On s’bouge ! », lié à la Grande Cause nationale 2024 portant sur l’activité physique et sportive, avec les jeux Olympiques en arrière-plan. « Je tenais particulièrement à cette édition , explique Aurélie Cardin, car je crains , comme à chaque événement du genre , que les jeunes soi ent e xclus des JO , qui aur ont pourtant lieu à deux pas d’ici . » Le paquet a donc été mis pour organiser un maximum d’ateliers en Île-de-France. Caméras professionnelles . Ce jour-là, Aude Amadou passe pour encourager ces jeunes, en tant qu’ancienne handballeuse professionnelle et représentante de l’Agence nationale du sport, parmi les partenaires de la nouvelle édition. Celle-ci est particulièrement importante, car marquée par un changement de formule : les films sont tournés à l’aide de caméras professionnelles (et non plus avec un iPhone), selon l’idée renforcée que les intervenants montrent aux jeunes comment faire, en leur faisant essayer le matériel. Avec Claire et David, le groupe réfléchit à une histoire de fille handicapée qui rêve de faire du sport, quand autour de Wilmarc, on envisage très vite un film d’horreur. Les discussions sont riches, les idées fusent, après des échanges d’abord timides. « On peut faire des flash-back ? » demande un participant. « Et si on partait sur une double intrigue ? » demande un autre. « Là , on a beaucoup de choses , i l faut qu’ on choisisse », tempère David...

 

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